8 mars 2024

Mélanie Raimbault, le BTP en partage

Inspirante, volontaire, investie, Mélanie Raimbault, présidente de la FFB du Cher, et co-gérante de l’entreprise d’électricité CEBAT 2, témoigne de son parcours dans le monde du bâtiment, traditionnellement réservé aux hommes. Un itinéraire forgé par l’engagement et la passion. Portrait. 

Quel est votre parcours ?

J’ai suivi une formation en BTS « Force de vente ». J’ai travaillé chez Groupama, Harmonie Mutuelle, et au Crédit Agricole. Puis, nous avons décidé avec mon mari de créer notre entreprise, CEBAT 2, début 2004, en lui insufflant notre image. Nous avons commencé avec 4 salariés. Aujourd’hui, nous sommes une trentaine de collaborateurs. Cette année, nous allons fêter les 20 ans de l’entreprise.

Quelles sont les activités de l’entreprise ?

Nous gérons 3 pôles d’activités dans le domaine de l’électricité : le logement neuf et la rénovation, le pôle tertiaire et industriel, et enfin, le pôle collectivité et transition énergétique.  

Actuellement, notre stratégie consiste à former davantage nos collaborateurs aux métiers de la transition énergétique. Afin de proposer ces services à nos clients et développer la marque employeur bien sûr, mais aussi pour que ces métiers soient attractifs et valorisant pour nos salariés.

Comment êtes-vous devenue présidente de la FFB du Cher ?

La FFB m’a demandé, de par ma motivation et de mon engagement, si je voulais la rejoindre. La FFB est une organisation motivante, qui « me gonfle à bloc » ! Elle me permet de comprendre l’économie locale, de défendre l’intérêt des entreprises et de soutenir la famille du bâtiment.

Votre engagement au sein de la FFB n’est pourtant pas récent…

Je suis impliquée dans la fédération depuis plusieurs années. J’ai d’abord été chef de file groupe femmes pendant plus de 10 ans, puis progressivement au sein du conseil d’administration, je suis devenue troisième vice-présidente, deuxième, première et depuis un an présidente, élue avec le soutien de plus de 85 % pour un mandat de 3 ans renouvelable une fois. C’est un mandat qui m’anime et m’enrichie. Lors de mes déplacements, je note la joie et la reconnaissance des adhérents.

Lors de mes rencontres avec les artisans et les élus locaux, je constate que la FFB est un acteur économique local important. Lorsqu’on est seul, la « tête dans le guidon », à la recherche de réponse sociale, juridique et technique, le soutien de la fédération locale est essentiel. Cela prend toute son ampleur à travers le maillage territorial, les rencontres entre les administrateurs et la fédération nationale, à tous les niveaux. C’est une belle expérience.

Comment conciliez-vous vos activités de présidente de la FFB et de co-gérante de votre entreprise ?

Personnellement, ma vie familiale me le permet. Mon dernier enfant a quitté la maison, ce qui me dégage du temps pour m’investir davantage. Mon engagement est un atout pour eux. Ils m’ont toujours vue œuvrer et être active localement. Mon exemple leur a donné une valeur éducative supplémentaire. Ils se sont engagés au lycée, effectuent bénévolement des actions solidaires…Nous leur transmettons de vraies valeurs.

Quant au travail, le mot-clé est l’organisation. Savoir anticiper et maintenir un planning à jour me permet d’assurer mes différentes fonctions. Ce n’est pas toujours simple.

Dans le secteur du bâtiment, selon la FFB, 21 % des femmes sont cadres et
46,3 % sont employées et techniciennes. Mais seule 1,8 % des femmes sont ouvrières. Pour quelle raison selon vous ?  

Même s’il y a eu beaucoup d’avancées en matière de prévention, de sécurité, et de mécanisation, ces métiers demeurent encore virils. Nous constatons une féminisation croissante, particulièrement dans les entreprises de finition, telle que la peinture, où il existe une réelle appétence des femmes pour le travail méticuleux. Et les entreprises sont à la recherche de ces profils. Dans le secteur de l’électricité, les promotions sont encore principalement constituées d’hommes.

Le travail d’information et d’orientation dans les établissements scolaires est important pour favoriser la présence des femmes dans les métiers du bâtiment. Je constate au quotidien qu’il y a encore beaucoup de préjugés.

Au-delà de l’attractivité, j’observe que les métiers du secteur sont méconnus, en particulier ceux liés à l’environnement. Mon constat est que nous ne sommes pas très bon en communication et qu’il faudrait mettre en place des outils.

En revanche, je vois des évolutions en ce qui concerne la présence des femmes dans les bureaux d’études. Ces métiers répondent au besoin d’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle des femmes. C’est un axe de développement sur lequel nous pourrions travailler pour féminiser le secteur du bâtiment. « Nous prenons donc notre bâton de pèlerin » et la fédération organise des évènements pour que les choses changent.

Que diriez-vous aux femmes qui souhaitent travailler dans le secteur du BTP demain. Quels sont vos conseils ?

Ce sont les femmes qui m’ont inspirées. Le modèle, l’expérience des plus anciennes, me fait dire : oui, c’est possible. Nous les femmes, « on ne va pas au-devant ». Je pense qu’il faut être sensible aux appétences et aux compétences des femmes, de montrer le chemin et de les marrainer. Étant donné que nous sommes en minorité, c’est ce qui nous permettra d’avancer. Au sein des groupes de femmes de la FFB, j’observe que l’accompagnement et l’entraide mutuelle contribuent à soutenir et fidéliser les femmes, en plus de favoriser la participation des entreprises.

Ce que je vois aussi, c’est que le regard de mes collègues entrepreneurs sur les femmes a changé depuis la pandémie de la Covid. Pendant l’arrêt des chantiers, il était quand même nécessaire de monter les dossiers, demander des prêts garantis par l’État et être en relation avec les établissements bancaires. Or ce type de travail est accompli, en général, par les conjointes collaboratrices. En faisant appel à elles, ils ont pris conscience du travail essentiel effectué par les femmes. Cela a mis en lumière leur rôle indispensable.