1 juin 2021

Le verdissement des matériaux de construction : l’exemple des bétons et du bois

De nos jours, il existe une demande sociétale forte en faveur d’une démarche environnementale, encouragée par les usagers et les pouvoirs publics. L’ensemble de la profession du BTP a entrepris d’importants efforts pour réduire son empreinte carbone : l’exemple des bétons et du bois.

De nos jours, il existe une demande sociétale forte en faveur d’une démarche environnementale, encouragée par les usagers et les pouvoirs publics. Le secteur du BTP, au cœur du développement durable, a entrepris de nombreux efforts pour réduire son empreinte carbone. 

Aujourd’hui, le Gouvernement poursuit trois objectifs principaux : donner la priorité à la sobriété énergétique et à la décarbonation de l’énergie ; diminuer l’impact carbone de la construction des bâtiments ; garantir le confort en cas de forte chaleur.

 

Cette prise de conscience a fait réagir l’ensemble des acteurs du BTP, des fabricants de matières premières aux fabricants de produits finis, (cimentiers, carriers, et fabricants de béton, fabricants de produits en bois ou de produits transformés à partir du bois). L’impact sera important sur les matériaux, leur mode de production et sur le choix des produits qui pourra être réalisé en phase conception dans un but de garantir la sobriété du projet global.

L’exemple de propositions intéressantes sur les ciments, granulats et bétons

Les cimentiers

La filière cimentière a entrepris de gros efforts pour réduire ses émissions de carbone. On note deux voies principales d’actions sur la production :

  • des combustibles moins émissifs se substituant aux combustibles fossiles utilisés pour le four comme le coke de pétrole, le charbon ou le fioul lourd ;
  • des nouveaux ciments moins dépendants du clinker qui visent l’objectif « très bas carbone ». Aujourd’hui, il est montré que réduire la teneur en clinker par l’ajout de composés cimentaires alternatifs comme les additions minérales (laitiers, cendres volantes, fillers calcaires, pouzzolanes, métakaolins …) s’avère très intéressant et permet de réduire l’empreinte carbone du ciment, avec des caractéristiques techniques maintenues.

Il existe une inquiétude compréhensible liée à l’utilisation et à l’assurabilité de ces matériaux faute de retour d’expérience. L’adéquation de leurs performances avec les procédés de construction modernes reste à démontrer. Il faut également évaluer quantitativement leur impact environnemental sur l’intégralité de leur cycle de vie (production, mise en œuvre et déconstruction).

Les carriers

L’action des carriers est également très importante, via principalement l’établissement d’une charte environnementale (basée sur la norme ISO 26000 et/ou ISO 14001) concernant l’eau, l’air, le bruit, les vibrations, la gestion des déchets, l’énergie et le climat, le paysage et la biodiversité, le tout en concertation avec les acteurs.

Un autre point important est le recyclage. En effet,  l’élaboration de produits recyclés est un passage obligé lorsque l’on souhaite entrer dans une démarche verte(ueuse). L'utilité d'un recyclage des bétons se comprend en termes :

  • d’économie des ressources naturelles ;
  • de valorisation d'un matériau considéré comme un déchet, pour produire un granulat ;
  • de limitation des mises en décharge des déchets de démolition ;
  • de diminution de dégagement de gaz à effet de serre (bilan carbone) ;
  • de transport réduit par l'utilisation d'un matériau produit en zone péri-urbaine.

La question du recyclage des bétons de déconstruction à des fins de production de granulats recyclés utilisables dans les bétons a été abordée au sein du projet national RECYBETON auquel participaient tous les acteurs de la profession : cimentiers, bétonniers, carriers, laboratoires de recherche. SMABTP était le seul assureur participant.

Après 5 années de travail, des recommandations d’utilisation des granulats recyclés ont été publiées, ce qui constitue une démarche responsable de la profession puisqu’elle a permis une économie de 27 millions de tonnes de granulats naturels par an. Cette démarche est reconnue par SMABTP.

Les bétonniers

Les centrales « Béton prêt à l’emploi » (BPE) mettent en place un bon nombre de procédures et d’actions relevant de la préservation de l’environnement selon les référentiels ISO 14001 ou ISO 26000, la certification NF BPE 033 étant, elle, synonyme de qualité produit et de durabilité des ouvrages.

Des efforts très importants ont été réalisés à différents niveaux :

  • aménagements : bétonnage de plateformes afin de récupérer les eaux pluviales qui sont séparées des « eaux de process », mise en place de bassins de décantation permettant de filtrer les eaux de process avant de les recycler dans la fabrication, collecte des boues de décantation. Des coopérations avec des agences départementales de l’eau sont souvent nécessaires pour l’élaboration du process ;
  • gestion des rebuts de béton : la traçabilité des prestations de transport de traitement et d’élimination est effective ;
  • recyclage des déchets de bétons : les granulats peuvent être réutilisés dans la fabrication du béton dans les conditions de la norme NF EN 206/CN.
  • technique : les granulats recyclés peuvent aujourd’hui constituer une partie du squelette granulaire des bétons au même titre que les granulats naturels, permettant ainsi la production de bétons recyclés. L’introduction de la démarche performantielle (projet national PERFDUB) est à mentionner. Le but premier est de réaliser des économies en termes de matières premières en mettant en œuvre des formules locales (éviter le transport de matériaux) avec un gain substantiel sur les matières premières, sur les composants émissifs en CO2 et sur le coût. SMABTP participe à l’élaboration des conclusions sur le sujet. La question de la technique courante sera évoquée lors de l’introduction de la démarche performantielle dans la norme référence.

L’exemple du bois dans la construction

Depuis une dizaine d’années, le bois est de plus en plus utilisé sous plusieurs formes et dans différentes parties d’ouvrages :

  • bois massifs empilés pour des ouvrages d’habitations et constructions légères ;
  • constructions Poteaux-poutres : poteaux verticaux et poutres horizontales de fortes sections avec répétition d’un même élément structurant, pouvant être utilisés pour des constructions avec de grands volumes et de grandes ouvertures, habitations haut-de-gamme, bâtiments industriels, tertiaires et éducatifs ;
  • panneaux massifs : murs, planchers et toiture constitués d’un panneau massif de type lamellés cloués, lamellés collés avec doublage isolant intérieur ou extérieur pour habitations, locaux commerciaux (restaurants, hôtels), bâtiments sociaux-éducatifs ;
  • ossature bois : caissons constitués de montants et de traverses avec contreventement par panneaux bois et remplissage avec isolants entre montant ;
  • isolants biosourcés de plusieurs types : laine de bois, fibres de bois, chanvre, paille …ouate de cellulose.

La construction bois, comme celle du béton, se prête volontiers à la préfabrication (également appelée construction hors site). La nouveauté de ces dernières années est la réalisation de collectifs en structures bois ou mixtes bois/béton, voire d’immeubles de moyenne hauteur (IMH).

La durabilité et la faisabilité des projets se décident lors de la phase de conception avec l’intervention de bureaux d’études structure, thermique, enveloppe, fluides, méthodes, acoustique…

La construction bois requiert une forte technicité en complexes de parois et planchers, jonctions de panneaux, intégration des menuiseries, traitement des éléments traversants.

Cela implique un planning adapté, une étude aboutie en conception, une préfabrication et un pré-assemblage optimisés (maîtrise et suivi qualité accrus en atelier par rapport aux conditions du chantier…), ainsi que des contrôles répétés sur le chantier (autocontrôle et suivi de chantier), niveau par niveau.

Et l’assureur dans tout ça… ?

Il encourage l’innovation via la reconnaissance de techniques courantes dans les domaines considérés comme non traditionnels : avis techniques (ATEc), documents techniques d’application (DTA), appréciations techniques d’expérimentation (ATEx).

Il procède à la reconnaissance des recommandations RAGE du programme PACTE sur le plan énergétique et thermique ou des règles professionnelles dans tous les métiers, et montre sa volonté de s’inscrire dans la compréhension de l’évolution des métiers qu’il assure.

Il participe à des groupes de travail comme RECYBETON, PERFDUB ou RÉEMPLOI des matériaux (dont le béton) ou à des groupes de travail relatifs à la loi ELAN ou la loi ESSOC montrant ainsi qu’il est conscient du monde dans lequel il évolue. Il diffuse des messages sur la qualité et la prévention afin de donner sa vision de la sinistralité et des risques potentiels.

Il tente enfin de peser sur les recommandations et futures normes ou lois qui pourront être issues de ces travaux et évolutions.