22 octobre 2024

Pourquoi la conception et l’anticipation sont-elles essentielles dans la sécurité incendie ?

Le magazine D’A a organisé une table ronde sur le thème de la sécurité incendie et les évolutions réglementaires sous l’angle « concevoir et anticiper ». Plusieurs spécialistes du sujet dont Olivier Douard, responsable de l’inspection souscription en dommages aux biens SMABTP, répondaient à la rédaction du magazine.

L’observation des incendies de ces dernières années a permis de faire considérablement évoluer la réglementation en matière de sécurité incendie, notamment en renforçant la sécurité des bâtiments et de leurs occupants dès la conception. Elle impose des normes strictes sur les matériaux de construction utilisés et sur la conception des bâtiments qui doit inclure, notamment, des voies d’évacuation faciles d’accès, des portes coupe-feu et des systèmes de détection et d'extinction. Alors comment les architectes anticipent-ils le risque incendie ? Quelle place la conception et les architectes ont-ils face aux nouveaux risques ?

La table ronde organisée par le magazine D’A a permis de faire le point sur les évolutions réglementaires en matière de sécurité incendie et sur la place donnée à la conception dans la prévention de ce risque.

Quels points ont été plus particulièrement abordés lors de cet échange ?

  • Les intervenants ont tout d’abord rappelé les différences qu’il existait entre protection passive (c’est-à-dire l’ensemble des mesures constructives qui permettent à un ouvrage ou une partie d’ouvrage de résister à un incendie pendant un temps prédéterminé) et protection active (celle qui à détecter, signaler et supprimer les incendies naissants le plus rapidement possible) en insistant sur l’importance de mettre en place ces deux protections.
  • Ils ont abordé ensuite les particularités de la réglementation française en matière de sécurité incendie en la comparant à celle d’autres pays notamment l’Allemagne.
  • Les intervenants ont également discuté de la façon dont l’étude et l’analyse des sinistres incendie ont permis de faire évoluer les normes et la réglementation en la matière. Un des exemples de cette évolution est la mise en place des Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS) sur tout le territoire français.
  • Les échanges ont porté aussi sur l’apparition de nouveaux risques comme les incendies des véhicules électriques qui amènent depuis peu, les premières exigences dans la conception des parkings, parmi lesquelles la localisation spécifique des places pour véhicules électriques dans un parking souterrain, le flocage des dalles ou encore les premières demandes de compartimentage entre les bornes de recharge et les véhicules stationnés à ces places. Autre risque apparu assez récemment, le développement du photovoltaïque qui nécessite des ajustements tant dans son implantation que dans sa mise en œuvre.
  • Autre point important abordé lors de l’échange : l’augmentation du nombre de rénovations, thermiques, énergétiques, parfois en sites occupés qui peut avoir des répercussions sur la sécurité incendie sur les chantiers. En effet, dans ces cas comment assurer la sûreté d’un chantier en état de sécurité dégradé ? Les intervenants reconnaissent que la connaissance des enjeux et l’organisation du chantier en amont sont essentielles. La formation, l’anticipation du chantier et de son évolution ainsi que le stockage des matériaux (d’autant plus s’ils sont combustibles) doivent être pris en compte.
  • Enfin, les échanges ont porté sur la façon dont l’architecte peut anticiper le risque incendie et comment il pourrait intégrer au mieux la sécurité incendie dans ses futurs projets. Les architectes et maîtres d’œuvre ont un véritable rôle à jouer dans la prévention du risque incendie et leur accompagnement est une condition nécessaire de la mise en sécurité des usagers. En effet, l’architecte dans son rôle de chef d’orchestre possède une vision suffisamment globale sur le projet pour écouter les conseils de l’industriel en amont et superviser la pose par l’entreprise afin de garantir la sécurité. Il est évident que plus il travaille en amont du projet et avec l’ensemble des partenaires qualifiés, plus la sécurité incendie peut être garantie.

Les intervenants :
- Philippe Raynaud, Directeur ingénierie incendie, Efectis
- Olivier Douard, Responsable de l’inspection souscription (dommages aux biens), SMABTP
- Jérôme Foreau, Responsable Technique et Analyse Prescription National, PLACO®ISOVER
- Arnaud Huet, directeur des ventes et Vincent Spodar, responsable technique, Alpolic EMEA
- Fabrice Triaes, responsable technique et Aurélien Lesieur, référent produits feu et formations clients, Wicona France