Bruits charpentes et suspentes

Mis à jour le 17 octobre 2022

Le constat

De nombreux sinistres ont été déclarés par des MO, le plus souvent propriétaires de maisons individuelles pour des bruits, grincements, craquements, claquements, coups de fusils provenant des combles de leur maison. Dans la grande majorité des cas, ceci se produit en période de vent plus ou moins fort ; parfois la maison se situe près du littoral avec exposition favorable aux efforts de vent.

Ceux-ci génèrent un impact sur le sommeil ou sur la bonne utilisation de l’ouvrage et vie dans l’ouvrage. Bruits apparaissant aléatoirement de jour comme de nuit. Les MO procèdent à des enregistrements sonores souvent probants, mais non forcément garantis (car non constatés in situ par l’expert).

Cette fiche concerne aussi bien les charpentes traditionnelles que celles avec fermettes (accès plus facile en expertise pour les investigations et parfois moindres coûts de réparation car moins de rampants et accessibles par l’intérieur).

Pathologies et causes

Matériaux

  • Positionnement de rails métalliques de faux plafonds frottant les uns contre les autres.
  • Longueur de rail trop importante / rigidité des rails. Limitation de la raideur du plafond provoquant sollicitations plus intenses des suspentes.
  • Rail de l’ossature support de plaques de plafonds mal fixé et mal clipsé. Défaut de clipsage des suspentes et frottements bruyants. Vis à nu.
  • Calepinage en suspentes défaillant. Insuffisance du nombre de suspentes et écart entre elles non conforme, trop important.
  • Défaut du nombre de fixations en particulier à chaque croisement des rails métalliques supportant les plaques de plâtre avec les arbalétriers et entraits constituant les fermettes.
  • Jeu et frottements entre les suspentes et les fourrures d’un plafond en plaques de plâtre. Mise en vibration du plafond sous rampant.
  • Jeu ou absence de compatibilité entre les rails et les suspentes.
  • Mouvements entre les pattes de fixations / suspentes de trop grandes dimensions et les rails métalliques qui constituent l’ossature support des faux plafonds. Défaut de raccordement des rails métalliques lors des opérations de raboutage.

 

Modes constructifs et mise en oeuvre

  • Défaut de pose des anti flambage sous arbalétrier (AFA) générant des déformations latérales en cas de vent et une mise en compression des fourrures/suspentes.
  • Défaut de mise en oeuvre des AFA non posés jusqu’en faitage, non continus. Raccord repris uniquement sur une seule ferme. Défaut de pose réalisé non correctement dans l’entraxe cloué sur une planche de raccordement. AFA pas assez nombreux et défaut d’assemblage, provoquant une déformation des arbalétriers. Impact d’une température plus élevée.
  • Absence de poutre au vent, absence de liens entre pannes faîtières et poinçon. Pannes de reprise des chiens assis sur la travée la plus importante s’avèrent être de section trop faible. Entaillage des fausses solives sans équerres de renfort au droit des linçoirs - jeu trop important pour clouage.
  • Phénomène coup de fusil en tête de cloison d’un bâtiment à ossature bois. Planchers, charpentes, cloisons non conformes.
  • Sous dimensionnement des solives vis-à-vis de la déformation admissible. Valeur de flèche dépassée. Sommiers sous dimensionnés en terme de contraintes et de flèche admissible.
  • Fixations des contreventements des charpentes insuffisantes.
  • Dilatation de dalle béton bloquée par contact acier-bois sur les têtes de cloisons entraînant un bruit « coup de fusil ».
  • Absence de contreventement, les panneaux de couvertures jouent ce rôle et entrent en contact avec les pannes bois (bruits).
  • Absence de contreventement de charpente, solivage et pannes sur charpente bois massif.


Facteurs aggravants

  • MO hypersensible au bruit.
  • Isolation très importante des ouvrages dans leurs modes constructifs.
  • Gradient de température, entre air chaud et air froid, pouvant générer des contraintes dans les matériaux en bois (liteaux et charpente) qui se libèrent en produisant des bruits de chocs.
  • Phénomène de dilatation (jour) / rétractation (nuit), pouvant provenir de la charpente et se répercutant sur le faux-plafond. Plusieurs éléments se dilatent pour faire rayonner les plaques de plâtre : charpente, ossature métallique des cloisons et doublages, doublage en PSE des façades…
  • Défaut de ventilation des combles. Surpression dans les combles générant mouvements et bruits.
  • Bruit généré par le jeu des pressions/dépressions extérieures et intérieures sur le complexe souple et hétérogène de charpente.
  • Mouvement important de membranes pare-vapeur ou d’isolants derrière faux plafonds en cas d’appel d’air de la pièce. Phénomène de surpression dans l’espace perdu sous couverture, air extérieur aspiré par chatières et s’engouffrant entre la couverture et l’isolant. La pression de l’air vient s’exercer sur le doublage rampant et provoque donc des mouvements entre plaques de plâtre et vis de maintien : nuisances sonores. Engouffrement de l’air sous toiture, sur le plafond sous rampant, venant exercer une pression sur le rampant et provoquant ainsi des grincements du doublage.

Bonnes pratiques et prévention

Approche expertise 

  • Demander des enregistrements sonores (et vérifier la concomitance éventuelle avec des conditions particulières de vent).
  • Placer des sonomètres dans combles et pièces à vivre lors de l’expertise.
  • Se déplacer de nouveau par période de grand vent si ce paramètre est fondamental.
  • Dichotomiser l’analyse : 

 

1. Charpentes : 

  • Demander les notes de calcul des charpentes ;
  • Détecter les fissures éventuelles sur charpentes ;
  • Vérifier les fixations et / ou les boulonnages ;
  • Vérifier la siccité et le traitement des bois de charpente ;
  • Vérification et détermination du nombre et position des AFA ;
  • Mandater un BET structure qualifié pour ouvrage sensibles à ossature bois.

2. Matériaux :

  • Vérifier les fixations et le type de suspentes : longueurs, entraxes, fréquence, nature (PVC, métal) ;
  • Vérifier la compatibilité suspentes/fourrures ;
  • Vérification de la présence de résilient pour atténuer les bruits (entre rail et au niveau des suspentes) ;
  • Vérifier la présence de profilés périphériques et d'au moins une suspente intermédiaire ;
  • Vérifier le jeu entre suspentes et fourrure. Détecter si le problème vient d’une rigidité ou d’une souplesse du système ;
  • Compléter ou améliorer l’isolation phonique (insufflation dans le plénum) ;
  • Vérifier la présence de vis métalliques à nu et corriger ;
  • Vérifier l’isolation phonique et la ventilation.

 

Risque

En termes de « bruits » et de « nuisances acoustiques », c’est l’impropriété à destination qui peut être évoquée en termes de garantie, et donc la mise en cause de la responsabilité décennale de l’entreprise. Ceci relèvera évidemment d’un caractère subjectif, à déterminer au cas par cas, qui dépend de la gêne occasionnée, de la sensibilité des usagers, de l’aspect psychologique, de la fréquence et de l’intensité des bruits, de la présence en continu ou non dans le logement, d’une perte éventuelle de sommeil.

Prévention

  • Mise en place d’un résilient au niveau des suspentes métalliques entre suspentes et fourrure.
  • Jonction de rails : éviter les grandes longueurs de rails. Mise en place d’éclisse caoutchouc ou résilient aux jonctions de rails.
  • Compléter ou améliorer l’isolation phonique (insufflation dans le plénum).
  • Améliorer la ventilation des rampants.
  • Remplacer les suspentes ou supports de rail métalliques par des suspentes ou supports en polymère composite ne produisant pas de grincements.
  • Pose éventuelle de moisages, renforcement de fixation et / ou des boulonnages.
  • Rajout éventuel d’AFA en coordination avec étude BET.
  • Mise en place de bracons entre les pannes, croix Saint André sur solivage, d’aisseliers pour les pannes faîtières, complément de fixation de l'ensemble des sabots métalliques, complément de fixation de lambourde (ramasse) pannes, serrage des fixations visibles.
  • Respect des préconisations du DTU 25.41, notamment :
    • de l’article § 6.2.2.2.1 du DTU 25.41 P1.1 : sollicitations mécaniques ;
    • de l’article § 6.2.2.2.2 du DTU 25.41 P1.1 : dimensionnement des éléments d'ossature ;
    • de l’article § 6.2.2.4 du DTU 25.41 P1.1 : positionnement de l'ossature support des plaques de plâtre ;
    • de l’article § 6.2.2.5 du DTU 25.41 P1.1 : aboutage des éléments d'ossature ;
    • de l’article § 6.2.2.8 du DTU 25.41 P1.1 : dispositifs de renfort – Fixations prévues à l'avance ;
    • de l’article § 5.2.6 du DTU 25.41 P1.2 : caractéristique mécanique du couple fourrure / suspente ou montant / suspentes.


Rappel :
 (§ 5.2.6 du DTU 25.41 P1.2) : NOTE : la certification « Marque NF Éléments ossatures métalliques » ou son équivalent dans les conditions indiquées dans l’avant-propos du DTU vaut la preuve de la conformité des profilés aux exigences du DTU (conformité aux normes et aux exigences complémentaires spécifiées).

  • Les éléments d'ossatures métalliques doivent être conformes à la norme NF EN 14195.

 

Remarque : les DTU devraient prendre en compte ou évoquer la gestion des variations dimensionnelles entre différents matériaux de constitution d’un complexe, en particulier relatives aux déformations horizontales. Les DTU imposent aujourd’hui un bridage des ouvrages (charpente/suspente/rail/plafond placo/cornière/cloison…) et une suppression des jeux entre eux ce qui peut occasionner des contraintes à l’origine de bruits intempestifs voire de fissurations ou dégradation sur les ouvrages en cas de fortes sollicitations.

Les images

Suspente et rail mal clipsés.

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Écarts des suspentes du plafond. Répartition non homogène. Nombre de connecteurs insuffisant.

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Jeu entre les suspentes et les fourrures du plafond en plaques de plâtre + longueur de fourrure, susceptibles d'expliquer le phénomène de grincement.

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Jonction bruyante entre fourrure et suspente lorsque le vent est supérieur à 60 km/h.
Phénomènes de pression/dépression dans le plénum engendrant des grincements à la jonction suspentes/rails du plafond et rampant. Cause : mise en oeuvre de vis entre  plaque de plâtre et solivage charpente.

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Phénomène de bruit accentué par une ventilation (colmatée par l’isolation projetée) insuffisante de rampant et couverture, qui génère des surpressions sur les plafonds. Différentiel de T°c diurne / nocturne.

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Raccord des anti-flambements non réalisé correctement dans l’entraxe cloué sur une planche de raccordement. Anti-flambement sont manquant.
Anti flambements côté pignon non posé jusqu’en faitage. Craquement résultant de défauts d’assemblage des anti-flambements, provoquant une déformation des arbalétriers.

 

Crédit photo : Socabat