Focus sur les différents risques dus au changement climatique - partie 2

Mis à jour le 17 mars 2023

Le dérèglement climatique constaté depuis 30 ans engendre de nombreux risques qui sont croissants à la fois en intensité et en récurrence et qui ont un impact sur la sinistralité, notamment du bâti. Focus sur quelques risques majeurs : la sécheresse, les inondations et les tempêtes.

La sécheresse

Dans son étude prospective « Impact du changement climatique sur l’assurance à l’horizon 2050 », la Fédération Française de l’Assurance (FFA) a évalué le coût des sinistres par type de risques. Selon elle, les sécheresses liées au changement climatique deviendraient de plus en plus fréquentes avec une probabilité de faire tripler le montant des sinistres d’ici à 2050 qui atteindrait 43 milliards d’euros en cumulé. Le changement climatique devrait peser pour 17,2 milliards d’euros dans cette évolution.

La sécheresse peut provoquer d’importants et coûteux dommages sous l’effet du retrait/gonflement des sous-sol dû à la fois à une insuffisance de précipitations et à de fortes températures. Les dommages consistent en des tassements différentiels du sol entraînant des fissurations qui altèrent la structure même du bâtiment.

De 500 millions d’euros par an avant 2015, le coût des sécheresses des années 2016 à 2020 approche déjà un milliard d’euros par an et devrait représenter en moyenne 1,4 milliards d’euros par an sur les trois prochaines décennies.

Exemple : sécheresse géotechnique – De la connaissance de l’aléa à l’analyse de l’endommagement du bâti - MRN décembre 2018 et répartition des dommages par types de composantes du bâti.

Les dommages se concentrent majoritairement sur les fondations, mais aussi sur les façades, vérandas, revêtements intérieurs et finitions.

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Quelles assurances ?

Le risque sécheresse est couvert par l’assurance multirisque habitation, au titre de la garantie catastrophes naturelles couvrant les dommages occasionnés par les mouvements de terrain différentiels consécutifs à la sécheresse et à la réhydratation des sols.

Les inondations

Il y a deux principaux types d’inondation : celles liées au débordement d’un cours d’eau et les submersions marines pouvant affecter les zones côtières lors de tempêtes.

Selon l’étude de la FFA, les inondations issues des cours d’eau devraient être de plus en plus coûteuses et le montant des sinistres pourrait augmenter de 81 %, mais le changement climatique ne serait pas le facteur principal de cette hausse.

Quant aux submersions marines, il s’agit d’un risque qui a particulièrement émergé lors de la tempête Xynthia en 2010. Elles pourraient engendrer une hausse de 4 milliards d’euros des sinistres en cumulé d’ici à 2050 et représenter à elles seules 11 % du surcoût des inondations. L’élévation du niveau des mers amplifie ce phénomène.

Exemple : Inondation Seine Loire 2016 – étude sur l’endommagement du bâti causé par un événement « inondation » - MRN avril 2018 et répartition des dommages par types de composantes du bâti.

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Dans le dernier rapport AR6, le GIEC fait un état des lieux complet de l’évolution constatée du niveau des mers et des prévisions à l’horizon 2100 et 2150. Même s’il s’agit d’un phénomène très lent, la montée des eaux s’est fortement accélérée sur les dernières décennies : le rythme annuel d’élévation était d’1,3 mm par an sur la période 1901-1971, puis 1,9 mm par an sur la période 1971-2006, puis 3,7 mm par an sur la période 2006-2018.

À ce jour, les principales causes de la montée du niveau des mers sont la dilatation thermique de l’eau des océans (50%), la perte de masse des glaciers (22 %) et celle des calottes polaires (20 %). Néanmoins, la très forte accélération de la fonte des calottes polaires (+ 300 % en vingt ans) a largement contribué à l’augmentation du rythme de la montée des eaux ces dernières années.

Quelles assurances ?

Les contrats d'assurance de biens (multirisques habitation, multirisques entreprise, multirisques auto, contrat dommages des engins de chantier…) comportent obligatoirement une garantie catastrophes naturelles. Dans les communes ayant décrété l’état de catastrophe naturelle, et dès lors qu’une garantie de dommages est souscrite, les dommages matériels provoqués par les inondations peuvent être pris en charge au titre de cette garantie dans les limites et conditions des contrats d'assurance souscrits.

La tempête

Sur la période allant de 1989 à 2019 ; les tempêtes ont représenté le risque le plus coûteux pour les assureurs, notamment du fait des tempêtes Lothar et Martin en 1999. Bien que le coût moyen soit moins élevé que pour les autres risques, la facture s’alourdit du fait du très grand nombre de sinistres. Selon l’étude de la FFA, l’augmentation du coût des sinistres tempête pour les années à venir sera essentiellement liée à l’accroissement de la valeur des biens, sans effet direct du changement climatique.

Quelles assurances ?

Là encore, tous les contrats d’assurance de biens comportent obligatoirement une garantie qui prend en charge les dégâts occasionnés en cas de tempête.

Les contrats couvrant l’activité des entreprises peuvent aussi comprendre des garanties de dommages en cours de travaux. Ainsi, une entreprise réalisant une charpente, une couverture peut-elle être contrainte de reprendre son chantier en cours de réalisation (elle est gardienne de celui-ci jusqu’à la réception) après le passage d’une tempête. Ce fut le cas pour des milliers de chantiers après la tempête Lothar et Martin.

Le maître d’ouvrage peut également souscrire un contrat tous risques chantier qui couvrira les dommages en cours de travaux en cas de survenance d’un évènement climatique.

Conclusion

L’impact du changement climatique sur la survenance des différents événements – sécheresse, inondations, submersion marine et tempêtes – est le deuxième facteur d’augmentation des coûts des coûts des sinistres climatiques, estimé à 35 % de la référence actuelle par la FFA, ce qui représenterait un coût d’environ 24 milliards d’euros entre 2020 et 2050, dont 17 milliards pour le seul risque sécheresse.

Au total, le montant cumulé des sinistres dus aux événements naturels pourrait atteindre 143 milliards d’euros d’ici à 2050, soit 4,6 milliards d’euros par an.

Dans ces conditions, la prise de conscience et la mobilisation doivent être l’affaire de tous. La prévention et la résilience sont des leviers essentiels face aux défis du changement climatique.

 

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