8 juillet 2024

Incertitudes sur le marché de la dette française

L’écart de taux d’intérêt entre la France et l’Allemagne a atteint fin juin un sommet inédit depuis 2012. Cette situation reflète les inquiétudes des investisseurs concernant la stabilité économique de la France, exacerbées par les récentes décisions politiques. Explications.

L’écart de taux, également appelé spread de taux, traduit le degré de confiance des investisseurs face au risque associé aux obligations souveraines de deux pays. Plus le risque est perçu comme élevé, plus les investisseurs exigent un rendement élevé pour prêter à l'État concerné.
Cet écart entre la France et l’Allemagne mesure la différence entre le taux d’intérêt auquel se finance l’État français sur les marchés financiers et ceux auquel se finance l’État allemand considéré comme l'étalon de référence au sein de la zone euro.
Aussi, les emprunts publics français sont généralement jugés plus risqués que ceux de l’Allemagne en partie à cause d’une dette publique plus élevée s’élevant à 111 % du PIB contre 64 % pour l’Allemagne. Les perspectives budgétaires françaises davantage dégradées avec un déficit public plus de deux fois supérieur pèsent également dans la balance (5,5 % du produit intérieur brut en 2023 contre 2,5 % outre-Rhin).
Par conséquent, la France se finance à un taux d’intérêt supérieur, créant une différence de taux d’intérêt positive entre les deux pays, mesurée pour une même maturité d’emprunt, généralement de 10 ans.

Étant donné que la France et l’Allemagne partagent une monnaie commune et une même politique monétaire déterminée par la Banque Centrale Européenne (BCE), la différence de risque entre ces deux pays dépend principalement du risque de défaut sur la dette publique. Ce dernier mesure la probabilité de non remboursement du créancier par l’État emprunteur. Il repose sur la qualité de sa situation économique et financière, évaluée par les agences de notation Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch. Depuis un peu plus d’un an, la note de la France a été dégradée par Fitch en avril 2023 et Standard & Poor’s en mai 2024, soulignant la détérioration des finances publiques françaises.
Qui plus est, la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron a accru l'incertitude politique, augmentant encore la perception du risque par les investisseurs.
Fin juin, la France se finançait ainsi à un taux d’intérêt de 3,29 % sur ses emprunts publics à 10 ans contre 2,49 % pour l’Allemagne soit un écart de taux de 80 points de base, le double du niveau moyen des 10 dernières années.

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